
A quoi servent les profs en école d’arts appliqués ?
« Bah, à enseigner ».
Mais, qu’est-ce qu’enseigner ?
« Bah, c’est d’apprendre des trucs. »
Passionnant échange.
Même si j’ai quitté l’école depuis un moment, au cours de mon parcours étudiant, j’ai été amenée à fréquenter plusieurs établissements scolaires spécialisés dans les arts appliqués (option art au lycée, fac, prépa, et école pour BTS et bachelor).
S’il y a bien une chose qui m’avait marquée en ce temps, c’était la différence des attentes entre les élèves, concernant la pédagogie d’enseignement.
Là où personnellement, je trouvais mon compte, d’autres étaient atterrés par les méthodes employées. Et parfois à l’inverse, les comportements des profs me mettant hors de moi, rassuraient d’autres étudiants. C’est pourquoi, avant de vous lancer en études de graphisme, je ne saurais trop vous conseiller de bien choisir votre établissement scolaire.
Voici quelques pistes de réflexion que je vous lance pour vous orienter.
Ainsi que des suggestions sur les établissements qui vous seraient les plus appropriés d’intégrer selon votre profil. Et bien sûr selon mon jugement personnel, qui je le rappelle, n’est pas LE jugement ultime et divin (quoi que ! 😉 )
Il est, dans un premier temps,
important de s’interroger sur…soi-même.

Maturité et situation personnelle
Petite anecdote : un jour, alors que j’étais dans mon cursus de formation pour le BTS communication visuelle en alternance, j’accompagnais une camarade de classe au secrétariat pour justifier une absence. Je la vis donner un papier griffonné à la personne en charge, puis nous repartîmes. Étonnée, je lui demandais ce qu’était ce papier. « C’est un mot de mes parents pour dire que j’étais malade » me dit-elle. J’étais effarée. Un mot des parents ?! Mais, nous ne sommes plus des enfants ! L’évidence pour moi était de fournir un arrêt maladie.
J’ai réfléchi, et puis je me suis souvenue que nous avions plusieurs années d’écart. Alors qu’elle sortait du bac il y a deux ans et vivait encore chez ses parents, de mon côté, j’avais déjà arpenté quelques autres établissements d’enseignement sup, j’avais mon studio et j’étais financièrement indépendante.
Bref, tout ça pour dire qu’il peut y avoir
une sacrée différence de situation de vie d’un étudiant à l’autre.
Ce qui, par extension et selon son cas personnel, amène à
S’interroger sur ses propres besoins :
- Est-ce que je veux être cadré, ou faut-il me laisser mon autonomie ?
- Les professeurs doivent-ils m’accompagner, ou simplement être présents si besoin ?
- Qu’est-ce que j’attends concrètement d’une formation en graphisme ?
Ces questions en amont vont sensiblement vous aider à juger votre futur bien être au sein d’une école !
Car oui, tous les établissements scolaires n’ont pas le même fonctionnement.
Et ça, pour l’épanouissement personnel, c’est important.

Qu’est-ce que je souhaite tirer de ce cursus scolaire ?
Ne vous y méprenez pas, la réponse que vous allez apporter spontanément est loin d’être générique ! Chacun a des attentes différentes.
Voici, je pense, les plus usuelles :
– je souhaite apprendre la théorie, la technique. ????????
C’est-à-dire apprendre comment se servir des principaux logiciels de graphisme, avoir des cours sur l’histoire des arts et être éduqué sur les codes de la communication ? Vous trouverez notamment ce type d’enseignement en
classe préparatoire, plus fréquemment appelée MANAA (Mise A Niveau en Arts Appliqués).
La MANAA est une étape de toute manière quasi-obligatoire pour pouvoir accéder aux écoles d’arts appliqués ! Comme toute classe préparatoire de toutes filières, il est fort probable que la compétition soit rude, les professeurs froids (voire irrespectueux) et le rythme de travail très soutenu…Mais vous y recevrez normalement un apprentissage construit et un suivi.
Si après cette année vous souhaitez rester dans ce principe bien scolaire des professeurs présents pour vous encadrer,
les écoles publiques peuvent être la meilleure option.
Bien que n’en ayant pas fréquenté moi-même, ce sont les retours que j’en ai eu. Le challenge, en revanche, c’est d’y être pris, puisque la sélection n’est pas de tout repos ! Chaque école publique a ses critères de recrutement, il faut donc se renseigner spécifiquement.
– J’ai besoin d’une école pour valider mes diplômes. ????
Peut-être êtes-vous déjà sur le marché du travail, et attendez simplement d’un « guide au besoin » ; c’est-à-dire des profs pour vous aider à développer votre potentiel créatif par la discussion, pourquoi pas vous expliquer 2-3 techniques sur les logiciels quand vous ne trouvez vraiment pas comment faire. Vous êtes somme toute bien autonome, comptez sur votre côté autodidacte pour ce qui est de la formation technique, avez confiance en vous et au final l’école n’est là que pour vous permettre d’accéder à un diplôme difficile à valider en candidat libre ?
Orientez-vous alors vers des écoles privées qui proposent des contrats d’alternance.
C’est ce que j’ai fait personnellement, j’ai beaucoup appris en entreprise sur les plans techniques et créatifs, et pendant les journées de cours les profs m’aidaient simplement à perfectionner mes oraux et méthodes de rédaction pour les épreuves du BTS.
Il n’est pas toujours aisé d’être embauché en entreprise pour un contrat à temps partagé ! Vous avez également
la possibilité de faire des formations en ligne,
sur des sites spécialement dédiés à cela. Vous recevez ou suivez vos cours par mail ou sur la plateforme du site et avez des tests à valider pour confirmer votre progression, jusqu’à obtention du diplôme.
L’avantage est que vous allez à votre rythme.
Pour quelqu’un d’autonome et motivé, vous pouvez ainsi valider une formation en 6 mois au lieu des 2 ans standard en établissement scolaire !
– Je veux me faire un répertoire de contacts pro. ????
Choix terre-à-terre et peu passionné, mais admettons-le, bien calculé. Puisqu’en effet, compétences ou pas, on accède actuellement plus facilement au monde du travail par le piston et les bons contacts.
A ce moment il faut se renseigner auprès des écoles de renom, publiques ou privées.
En établissement public,
vous pouvez profiter de la notoriété de l’école et êtes certain de valider votre diplôme en fin de cursus. Et ceci n’est pas forcément une question de mérite (disons que vos profs seront vos jurys, et il y a de toute manière une bonne image sur le taux de réussite des écoles publiques à entretenir 😉 ).
En privé,
vous pouvez vous renseigner sur les professeurs et leur place professionnelle, voir les partenariats que l’école a avec les entreprises, les réseaux qu’elle possède et qu’elle a mis en place…
– Je ne suis pas certain-e de mon orientation professionnelle, mais j’aime l’art. ????
Mmmh…arts plastiques, ou arts appliqués ? Ce n’est absolument pas la même chose !
Les arts plastiques créent des artistes, tandis que les arts appliqués forment des graphistes.
Si vous avez envie de tester sans trop savoir, tentez la fac !
Vous y ferez un peu des deux, et comprendrez ainsi la différence concrète entre le plastique et l’appliqué. Fonctionnement typique des facs, vous devrez vous auto-gérer quant au rythme, à vous d’être assidus aux cours qui ne sont pas tous obligatoires. C’est beaucoup de théorie et de cours méthodiques, bien que des TP sont aussi proposés. Il y a peu d’heures de cours et l’année n’est pas chère, pourquoi pas donc tenter cela en parallèle d’un petit boulot par exemple, « juste pour voir » !
Autrement, pour ce qui est d’apprendre à développer sa créativité, l’année qui m’a personnellement le plus servi dans ce sens était
l’option arts plastiques que j’ai suivie au lycée.
Comme cette matière n’était qu’optionnelle, il n’y avait pas d’exigence ultime envers les élèves. Mais surtout une mise en bouche aux activités artistiques. C’est ainsi que nous apprenions beaucoup à réfléchir et développer des concepts, trouver les meilleurs moyens de les exprimer, acquérir quelques références artistiques…Ou comment se sensibiliser aux œuvres et pouvoir en tirer un discours ! C’est là que j’ai compris que l’important n’était pas de bien dessiner, mais de bien s’exprimer. Je suppute donc que pour être éduqué au mieux au développement créatif, il faut idéalement s’orienter tôt vers les arts.
Peut-être que les bacs pro ou bacs spécialisés en arts appliqués offrent cet enrichissement personnel,
avant d’entrer dans la quête concrète de la formation diplômante des études supérieures.
Voilà, c’était mon avis global sur les différents types d’établissements scolaires du graphisme.

La meilleure chose à faire je pense, est de ne pas hésiter à se rendre aux journées portes ouvertes, pour poser directement vos questions aux professeurs et aux élèves, voir si les réalisations des étudiants vous inspirent et vous donnent envie d’apprendre…
N’oubliez pas cependant que l’école n’est pas LE seul moyen d’aboutir professionnellement aux métiers de l’image, loin de là !
Grâce à internet, beaucoup de tutoriels sont disponibles gratuitement. Ou encore, comme dit précédemment, il est maintenant possible de suivre de bonnes formations à distance, sans impératif de cursus (comme avoir le bac, avoir fait une option en particulier…).
On voit régulièrement, à travers blogs et vidéos amateurs, des étudiants se plaindre de la mauvaise qualité d’enseignement d’une école qu’ils ont intégrés au prix d’un fort endettement financier…Eh oui, parfois cela représente un budget de plusieurs milliers d’euros !
Je ne doute pas qu’il y ait de mauvaises écoles, mais hélas je pense aussi et surtout qu’il y a de mauvais choix.
Certes, il y a les écoles vides de contenu qui se reposent sur leur renommée pour appâter les étudiants, il y a les « pompes à fric », tout cela existe oui. Mais le choix est à l’heure actuelle quand même vaste, les avis se consultent aisément, il est vraiment possible de savoir et comprendre où l’on met les pieds. Bref, avant de foncer tête baissée vers la première « école stylée », renseignez-vous, et surtout, sondez-vous pour voir si vos attentes sont conformes à la pédagogie proposée.